Pollution de l’Escaut : l’entreprise Tereos condamnée à dédommager la Wallonie

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L'usine Tereos a été reconnue coupable par le Tribunal correctionnel de Lille de la pollution de l’Escaut en avril 2020 liée à la rupture d’une digue qui retenait les eaux de lavage de betteraves et ayant causé la mort de dizaines de milliers de poissons et autres espèces. Elle a ainsi été condamnée à verser plus de 9 millions € à la Wallonie au titre de « préjudice écologique ».

Pour rappel, c'est dans la nuit du 9 au 10 avril 2020 que 100.000 m3 de liquide noirâtre s'étaient déversés dans la nature dans la nature, occasionnant un désastre écologique sans précédent, dont la mort de plusieurs dizaines de milliers de poissons.

La préfecture du Département du Nord avait alors confirmé que la mortalité sans précédent des poissons était due à une pollution organique ayant privé le fleuve d'oxygène. En cause : la rupture d'une berge d'un bassin de décantation des eaux de la sucrerie Téréos située à Escaudoeuvres, à environ 40 km le long de l'Escaut du premier village belge de Bléharies, qui avait amené le déversement d'un volume estimé à 100 000 m3 de ces eaux dans le voisinage immédiat et dans l'Escaut.

Une destruction quasi-totale de la faune

En termes de pollution, le constat avait été sans appel : la faune présente sur les 36 km d'Escaut wallon avait été presque totalement détruite; asphyxiée par cette pollution en matières organiques fermentescibles.

On avait estimé à 50 à 100 t la quantité de poissons décimés par cette catastrophe écologique. En outre, certaines espèces étaient en pleine période de reproduction et protégées (comme l'anguille européenne, la bouvière européenne, l'able de Heckel, l'ide mélanote, la loche d'étang, etc.). Sans compter d'autres éléments de la faune aquatique, protégés ou non, comme certaines espèces d'invertébrés (libellules) et d'amphibiens (dont le stade larvaire est aquatique et à branchies).

Une reconnaissance du préjudice écologique

La condamnation de l'usine Tereos reconnaît le préjudice écologique, mais aussi moral et matériel de cette pollution, ce qui représente une grande victoire pour la protection de l'environnement et de la biodiversité et la fin de l'impunité en matière environnementale  face à une pollution majeure.

Cette condamnation va permettre de financer les mesures de réparation des dommages causés aux écosystèmes de l'Escaut.

Remise en état du fleuve

Les mesures de remise en état de l'Escaut et de sa biodiversité sont déjà prévues sur base d'une étude spécifique. Elles ont pour objectif d'encourager le développement optimal des ressources trophiques de l'Escaut, de favoriser le succès producteur des poissons encore présents, d'augmenter la capacité d'accueil pour les poissons et les alevins et de favoriser le retour naturel des espèces disparues.

24 mesures prioritaires ont été retenues, celles-ci consistent notamment en :

  • La création de zones enherbées et lagunes inondées plusieurs mois par an au printemps pour la  reproduction des poissons
  • La création de frayères pour les poissons dans d'anciens bras, coupures de l'Escaut ;
  • La création de refuges pour les poissons aux confluences ;
  • La création d'environnements favorables à la reproduction des poissons le long des berges de l'Escaut (berges lagunées, herbiers, supports artificiels de ponte...) ;
  • Le développement des ressources alimentaires des poissons par la plantation de ripisylve.

Sans intervention de la Région wallonne, les experts estiment a minima à plusieurs dizaines d'années le temps qu'il aurait fallu à l'Escaut pour revenir à un état identique à celui d'avant la pollution.

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