Réouverture de la navigation sur le canal Pommeroeul-Condé

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SPW Mobilité et Infrastructures
Initialement prévue fin 2023, la remise en service du canal Condé-Pommeroeul avait dû être reportée en raison d'une accumulation de sédiments. Des travaux complémentaires de dragage ont été menés permettant désormais la navigation des bateaux pour une période de test de 6 mois.

Après 31 années de fermeture, le canal Pommeroeul-Condé devait reprendre du service en 2023. La réhabilitation de ces 2 fois 6 km de voies d'eau (en Wallonie et en France) doit permettre aux bateaux jusqu'à 3 000 tonnes (contre 1 350 tonnes autrefois) de gagner une demi-journée, en évitant un détour de 30 km. Après la finalisation du chantier du pont des Trous à Tournai, la réouverture de la navigation sur le canal Pommerœul-Condé sera un nouveau cap décisif franchi dans le vaste projet Seine-Escaut.

Période de test pour la réouverture 

Fin janvier 2024, un test de navigabilité et des sondages ont permis de localiser une poche de sédiment entre l'écluse d'Hensies et le pont de Saint-Aybert (France). Cette accumulation de sédiment complique la navigation. Cause probable de ce dépôt : les pluies importantes de l'hiver dernier. Mais, d'autres causes étaient également envisagées. 

Suite à des travaux de dragage complémentaires, les partenaires wallons et français ont convenu d'ouvrir le canal pour une période probatoire de six mois, à compter du 29 juillet 2024. Durant cette période, le canal pourra être emprunté par la navigation marchande et la plaisance, avec un tirant d'eau aligné à celui du canal Nimy-Blaton-Péronnes, à savoir 2,50 m.  Les horaires des écluses de Pommeroeul et Hensies sont identiques à ceux de l'écluse d'Obourg.  

Au terme de cette phase-test, les analyses permettront de savoir si les dispositions mises en place pour réduire la sédimentation s'avèrent suffisantes. Selon les résultats obtenus, une fermeture temporaire du canal pourrait être à nouveau envisagée pour faciliter la mise en place de mesures correctrices.

Le canal d'hier et de demain

Creusé en 1980 pour faire la jonction entre le canal Nimy-Blaton-Péronnes et la frontière française au niveau de Hensies, où il retrouve le tracé de l'ancien canal Mons-Condé, le canal Pommerœul-Condé est fermé à la navigation depuis 1992 en raison d'un envasement trop important. À sa réouverture, il permettra le passage de bateaux pesant jusqu'à 3.000 tonnes, contre 1.350 dans les années 90, qui éviteront un détour de 30 kilomètres et gagneront ainsi une demi-journée de navigation.

Grâce à la réhabilitation de canaux existants et à la construction du canal Seine-Nord Europe en France, le projet Seine-Escaut va devenir le 1er réseau de transport fluvial à grand gabarit d'Europe. Soit 1 100 km de voies navigables adaptées, sur certaines portions, au passage de bateaux pouvant transporter jusqu'à 4 400 t de marchandises, l'équivalent de 220 camions !

Dans ce cadre, la remise en service du canal Pommerœul-Condé va jouer un rôle majeur en permettant au transport fluvial venant de la France d'éviter un détour par le canal Nimy-Blaton-Péronnes, et aux bateaux venant du canal du Centre de rejoindre directement l'Escaut français.

Coopération transfrontalière

Situé de part et d'autre de la frontière franco-belge, le chantier a été mené de concert par le SPW Mobilité et Infrastructures et les Voies navigables de France (VNF).

Commencées en 2016, les opérations ont principalement consisté à draguer les sédiments accumulés au fond du canal, à élargir la passe navigable et à aménager les berges. Soit, tout de même, le retrait d'1,5 million de m³ de sédiments et de 450 000 m³ de terres !

Côté belge, les travaux ont également porté sur la modernisation complète de l'écluse d'Hensies. Prochainement, une station de pompage viendra compléter le site pour assurer l'approvisionnement artificiel en eau du canal.

La préservation de l'environnement au cœur du projet

Au-delà de la dimension technique de ce chantier hors normes, c'est aussi un véritable challenge environnemental que les équipes wallonnes et françaises ont dû relever.

30 ans d'inactivité et de place laissée à la nature ont, en effet, permis le développement d'écosystèmes riches en biodiversité. Afin de les préserver, des mesures environnementales ambitieuses ont été mises en œuvre.

27 ha de zones naturelles humides ont ainsi été aménagées afin de recréer un milieu durable et favorable à la faune et à la flore. Une végétalisation et une requalification écologique sont également prévues sur les 5 sites de stockage des sédiments et des terres. Sans compter la découverte d'un hôte inattendu, le castor d'Europe, dont il a fallu préserver l'habitat !

Si bien qu'au final, sur 80 millions €, ce ne sont pas moins de 20 % du budget qui ont été réservés à la préservation de la biodiversité.

Plus d'infos sur le chantier sur le portail Infrastructures.
Plus d'infos sur le projet Seine-Escaut : www.seine-scheldt.eu