En 2024, 206 personnes ont perdu la vie sur les routes wallonnes et plus de 12.000 ont été blessées. Face à ce constat, le Conseil supérieur wallon de la Sécurité routière (CSWSR) propose un plan d’action ambitieux. Celui-ci vise à réduire significativement le nombre de victimes d’ici 2030 et à progresser vers l’objectif fixé par le Gouvernement wallon : zéro tué sur les routes à l’horizon 2050.
Fruit d'un travail collaboratif inédit entre experts et acteurs de terrain, cette proposition de plan d'actions a été présentée à l'occasion de la clôture des États généraux wallons de la Sécurité routière. L'objectif est de réduire de moitié le nombre de tués et de blessés graves d'ici 2030, soit sauver au moins 100 vies et éviter plus de 400 blessés graves sur les routes wallonnes.
Le plan s'articule autour de 2 volets complémentaires : les actions directement réalisables au niveau régional et des mesures à mettre en œuvre aux niveaux fédéral et communautaire.
Le volet wallon comporte 4 axes prioritaires déclinés en 7 mesures.
Axe 2 – Adapter l'environnement routier
1. Réduire les vitesses pratiquées
Le CSWSR propose de hiérarchiser le réseau routier et de revoir le cadre réglementaire en vue d'adapter les vitesses maximales autorisées. Il préconise notamment d'étendre les zones 30 km/h en agglomération et les routes à 70 km/h hors agglomération là où elles s'avèrent cohérentes avec l'environnement routier.
Le Conseil recommande aussi d'introduire des limitations de vitesse dynamiques, adaptables en fonction des conditions réelles (trafic, météo ou présence d'ouvriers sur les chantiers...).
2. Sécuriser la mobilité des modes actifs
En Wallonie, la part des piétons, cyclistes et utilisateurs de trottinettes parmi les victimes graves est passée de 17 % à 24 % en 10 ans. Pour renforcer la sécurité de ces usagers, le CSWSR propose 3 actions :
- Renforcer la sécurité des passages piétons en particulier ceux posant des problèmes de sécurité ou d'accessibilité pour les personnes à mobilité réduite ;
- Sécuriser les trajets scolaires, notamment aux abords immédiats des établissements ;
- Mieux protéger les usagers actifs dans les zones de chantier en assurant la continuité des cheminements.
3. Identifier et sécuriser les zones à risque
Le CSWSR propose d'intensifier l'analyse des « points noirs » et des zones perçues comme dangereuses par les usagers, afin de les sécuriser par des aménagements ciblés, par exemple, l'installation de bandes rugueuses destinées à renforcer l'attention des usagers.
Axe 2 – Intégrer la sécurité routière dans le quotidien des usagers de la routes
4. Intensifier la sensibilisation des citoyen
En Wallonie, près de 4 accidents sur 10 impliquent un seul véhicule, souvent la nuit. Ces collisions sont généralement liées à des comportements à risque : alcool, drogue, fatigue, distraction ou vitesse. Face à ce constat, le CSWSR souhaite renforcer les campagnes de sensibilisation et mieux coordonner les formations à la sécurité routière, afin d'assurer un apprentissage cohérent et continu tout au long de la vie.
5. Mobiliser le monde professionnel
En Belgique, près d'un accident de travail sur dix survient sur le trajet domicile-travail. Pour réduire ce risque, le CSWSR propose d'intégrer la sécurité routière de manière concrète et systématique dans les politiques de mobilité des entreprises et administrations publiques : formation des chauffeurs professionnels aux angles morts, critères de choix de véhicules plus sûrs et car policy intégrant des pratiques de conduite responsable.
Axe 3 – Garantir le respect des règles
6. Multiplier les contrôles aux endroits et moments où les risques sont les plus élevés
Aujourd'hui, de nombreux conducteurs wallons estiment avoir peu de chances d'être contrôlés : ils sont 75 % à penser que le risque de se faire contrôler pour conduite sous influence d'alcool au cours d'un mois donné est faible et 83 % pour la conduite sous l'influence de drogue. Pour inverser cette perception, le CSWSR propose d'intensifier les contrôles, de les concentrer aux moments les plus à risque (notamment la nuit), de placer des radars aux endroits dangereux (fixes, mobiles ou tronçons), et de cibler les comportements particulièrement risqués : vitesse, distraction et conduite sous influence.
L'objectif est également de rendre les opérations de contrôle plus visibles. Une communication régulière et encadrée sur les contrôles et leurs résultats, notamment via les réseaux sociaux et les médias, pourrait renforcer l'effet dissuasif, à l'image des marathons de contrôles déjà organisés par la police intégrée.
Axe 4 – Favoriser le développement de politiques locales
7. Mettre à disposition des communes et des zones de police des outils pour concevoir et mettre en œuvre une politique locale de sécurité routière efficace
La sécurité routière se construit aussi à l'échelle locale. Afin de soutenir les communes et les zones de police dans leurs actions, le plan prévoit la création d'une boîte à outils regroupant des ressources pratiques, méthodologiques et financières. Objectif : aider ces acteurs à concevoir et mettre en œuvre un plan d'action sécurité routière adapté à leurs réalités.
Une première étape vers la mise en œuvre de cette mesure est déjà franchie aujourd'hui avec la mise à disposition d'un outil interactif développé par l'AWSR et le SPW Mobilité et infrastructures, permettant de créer et consulter des cartographies des accidents. Il offre ainsi aux communes et zones de police la possibilité de visualiser la localisation, la gravité et la fréquence des accidents sur leur territoire ainsi que le profil des victimes, pour établir un état des lieux et cibler les actions les plus pertinentes. Cet outil sera progressivement enrichi selon les besoins des acteurs locaux, avec notamment pour ambition d'y intégrer à terme la carte des vitesses pratiquées.
Le plan du CSWSR propose également 10 mesures à mettre en œuvre aux niveaux Fédéral, de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Communauté germanophone. Parmi celles-ci, 2 mesures cruciales sont proposées : intégrer la sécurité routière dans le parcours scolaire obligatoire et instaurer une tolérance zéro alcool au volant pour tous les conducteurs.
Le plan d'action va être soumis dans les prochaines semaines au Gouvernement wallon, en vue de la poursuite du processus décisionnel.
