Ce 24 février marque le premier anniversaire du début de l’invasion de la Russie sur le territoire ukrainien. Ce conflit a généré une crise migratoire en Europe sans précédent depuis la seconde guerre mondiale. Face à cette situation, les pouvoirs publics de tous niveaux ont dû élaborer un parcours d’accueil spécifique avec l’ensemble des acteurs fédéraux, régionaux et locaux pour répondre aux principaux besoins et accueillir au mieux les réfugiés ukrainiens. Voici un bilan des actions entreprises par la Wallonie concernant l’accueil des personnes ayant fui l’Ukraine.
Actuellement, 4 millions de personnes en provenance d'Ukraine bénéficient du mécanisme de protection temporaire enclenché par le Conseil de l'Union européenne, depuis le 4 mars 2022. 63.210 personnes ayant la protection temporaire se trouvent en Belgique et 20% se trouvent en Wallonie (ce qui représente environ 11.000 personnes).
Les instances régionales avec le soutien des autorités locales, ont mobilisé leurs moyens et ont collaboré activement avec Fedasil pour assurer la répartition de l'accueil des réfugiés sur notre territoire. Cet accueil de crise a été rendu possible grâce à l'énorme élan de solidarité de la population belge et à de nombreuses initiatives pour accueillir ces personnes sur notre territoire. Leurs choix portent principalement pour une domiciliation à Bruxelles et dans les grandes villes flamandes. Par rapport à la répartition dans les grandes villes au niveau national, les premières communes wallonnes arrivent en 12ème position (Liège avec 1,5%), puis en 18ème position (Charleroi avec 1%), 24ème position pour Mons (<1%) et 33ème position pour Namur (<1%).
Stratégie wallonne en matière d'accueil et d'hébergement
Dès mars 2022, une cellule de coordination de l'accueil des réfugiés ukrainiens s'est mise en place. Composée de membres du Service public de Wallonie et des services publics régionaux, cette cellule est chargée de coordonner toutes les actions à entreprendre pour assurer l'accueil des ressortissants ukrainiens, et ce dans tous les domaines de compétence régionaux.
Principal défi : trouver rapidement des solutions d'hébergements
Dès le début du conflit, l'accueil de crise a été rendu possible grâce à l'énorme élan de générosité de la population et à de nombreuses initiatives pour accueillir les réfugiés.
La Wallonie a lancé la plateforme « Solidarité Ukraine » pour faciliter la mise en relation entre les citoyens/hébergeurs et les ressortissants ukrainiens. En mars 2022, la plateforme enregistrait son plus grand nombre d'offres avec plus d'un millier de solutions d'hébergement émanant des particuliers, la plupart du temps au sein de leur foyer.
Pour aider les familles accueillantes et pour répondre à leurs questions concrètes quant aux impacts de l'hébergement de ces réfugiés chez elles, une entrée « citoyen » a été créée sur wallonie.be/ukraine et un guide pratique du parcours du réfugié synthétisant les aides et démarches a été rédigé pour être téléchargeable ou imprimable facilement. Il est décliné en plusieurs versions et notamment pour les citoyens/hébergeurs et pour les réfugiés (dont une version traduite en ukrainien). Pour informer les réfugiés, une entrée leur est consacrée sur le site (avec également une version traduite en ukrainien).
Quant aux informations sur les démarches à accomplir et les aides existantes dans la recherche d'une location (qu'il s'agisse d'un logement privé ou public dans une société de logement de service public ou une agence immobilière sociale) afin qu'ils puissent s'installer de manière plus durable en Wallonie, une brochure et une vidéo ont été réalisées par le SPW Logement en français, russe et en ukrainien.
Entre le début de la crise et la fin de l'année 2022, la situation et les besoins d'hébergements ont fortement évolué. Le nombre d'arrivées journalières a fortement diminué (environ 50 en janvier 2023 pour 1262 en mars 2022) mais les arrivants récents sont plus vulnérables que les précédents.
Répartition des réfugiés ukrainiens en Wallonie
La plupart des réfugiés arrivés depuis mars sont toujours présents (seulement 7,5% sont retournés en Ukraine et 2% sont partis vers un autre pays d'accueil). La première domiciliation s'est faite en famille d'accueil pour 60% des réfugiés ukrainiens. Parmi eux, 44% sont toujours domiciliés à la même adresse. Cela représente 3.682 personnes en Wallonie susceptibles d'avoir un besoin de relogement.
La prolongation de la protection temporaire jusqu'à mars 2024 change les perspectives. Les réfugiés cherchent une solution d'hébergement de moyen terme (plus de trois mois). Certains d'entre eux cherchent du travail et souhaitent donc un logement à proximité des grandes villes ou au moins des moyens de transports.
La mise en place de solutions d'hébergement plus pérenne
Au fil des mois, l'offre d'hébergement chez les particuliers a diminué. De plus, avec la poursuite du conflit, il était indispensable de proposer d'autres solutions d'hébergement pour soulager les familles accueillantes. Début de l'été 2022, des centres d'hébergement conventionnés se sont ouverts un peu partout en Wallonie, permettant de proposer à des réfugiés une solution de logement de transition entre l'hébergement chez un particulier et un logement sur le marché locatif traditionnel.
La stratégie wallonne en matière de logement et d'hébergement a confié aux Gouverneurs, par lettre de mission, la mise en ?uvre de ladite stratégie. Le SPW Territoire Logement Patrimoine et Energie (TLPE) a développé des outils et proposés des services aux Gouverneurs dans le cadre de l'ouverture de ces hébergements collectifs.
Début février 2023, 27 hébergements étaient conventionnés dont 90% en hébergement collectif, pour une capacité d'accueil de 1225 places. Parmi ces hébergements, 23 effectivement sont ouverts (4 s'ouvriront prochainement) ce qui représente un total de 946 places.
TempHoWal, plate-forme IT pour gérer et attribuer les places en hébergement conventionné
Pour aider les Gouverneurs et les coordinateurs locaux dans la gestion des places d'hébergement conventionné, une plate-forme informatique dénommée TempHoWal (pour "Temporary Hosting in Wallonia") a été créée en collaboration avec le SPW Digital. L'objectif premier est de mettre à disposition de l'ensemble des parties prenantes (région, provinces, communes, cellule de coordination, etc.) l'ensemble des informations (offres et demandes) d'hébergements pérennes et surtout de faciliter l'attribution des logements. S'il s'agit bien d'un outil de gestion des places, leur attribution ne se fait pas par un matching automatique. Cette plate-forme permet une montée en puissance en termes de nombre d'hébergements à gérer si l'évolution du conflit ne rend nécessaire.
Concrètement, seules les personnes autorisées ont accès à TempHoWal. Les coordinateurs locaux qui sont chargés d'accueillir les réfugiés au sein de la commune, peuvent consulter toutes les offres d'hébergements disponibles, faire une recherche adaptée aux besoins et demander une attribution de la ou des place(s) sélectionnée(s). La pré-attribution des places est ensuite validée par le Gouverneur selon les priorités définies par le Gouvernement wallon. Plus d'infos sur TempHoWal (tutoriel, guide d'utilisateurs, etc.) dans le sous site Ukraine.
Le Fonds du Logement de Wallonie est, quant à lui, chargé du suivi des conventions d'occupation précaire et de la contribution financière due par les ménages. Par ailleurs, un accord-cadre mis en place par la Société wallonne du logement visera à déployer des d'une part des logements modulaires avec une aide de plus de 12 millions d'euros octroyée aux communes, CPAS et à la SWL et d'autre part les logements de type "habitat léger temporaire préfabriqué". Plus d'infos dans l'entrée destinée aux pouvoirs locaux et services d'aide, rubrique "Accueil des réfugiés - Hébergement".
Besoin d'un hébergement mais pas seulement...
Si l'hébergement constitue une priorité, des mesures et actions ont été mises en ?uvre par ou en collaboration avec d'autres administrations et acteurs de terrain pour répondre à d'autres besoins auxquels sont confrontés les personnes en provenance d'Ukraine. Nombreux sont en effet les opérateurs qui se mobilisent en matière d'accompagnement administratif, social, professionnel, juridique mais aussi psycho-social des personnes en provenance d'Ukraine, afin de leur permettre d'accéder aux droits et aux aides auxquelles ils peuvent prétendre compte tenu de leur statut de protection temporaire et dans le but de faciliter leur intégration.
Santé, aides psycho-sociales
Le Gouvernement wallon soutient financièrement une multitude d'acteurs actifs dans le domaine de l'aide alimentaire, de l'intégration, de l'interprétariat, de l'accompagnement ethno-psychologique ou de la prise en charge bio-psycho-sociale. C'est pour faciliter cette dernière prise en charge qu'un dispositif d'équipes mobiles est organisé par la Fédération des maisons médicales avec le soutien de la Région. L'objectif de cette initiative est d'accompagner les réfugiés, en particulier les plus vulnérables, dans leurs démarches médicales et psycho-sociales et de les orienter si nécessaire vers les offres de services adaptés à leurs besoins. Plus d'infos dans la rubrique "Santé - Aides (psycho)-sociales".
Acteur-clé en matière de santé, l'AViQ a réalisé plusieurs supports (site, brochures, flyers, affiches) et mis en place des points de contact pour informer et sensibiliser les réfugiés autour des thématiques des soins médicaux, de la vaccination (Covid-19 et autres vaccins), des allocations familiales, sur les aides spécifiques pour les personnes handicapées ou la prise en charge en maison de repos ou maison de repos et de soin.
Intégration
En matière d'intégration, depuis le 29 septembre 2022, il existe une nouvelle catégorie de dispense à l'obligation de suivre le parcours d'intégration pour les personnes qui bénéficient de la protection temporaire et les membres de leur famille. Toutefois, ce dispositif gratuit reste accessible à toute personne, quel que soit son statut de séjour. Sur le territoire wallon, les centres régionaux d'Intégration, proposent un accompagnement social, professionnel et juridique ou encore orientent vers les Initiatives Locales d'Intégration qui proposent toute une série d'actions en lien avec l'apprentissage de la langue, la compréhension de la société d'accueil, l'accompagnement social et/ou juridique, ou encore l'accompagnement psychologique.
L'autorisation et l'encouragement des Plans de cohésion sociale repris dans une circulaire des ministres des pouvoirs locaux et de l'action sociale du 24 mars 2022 permet la mise en ?uvre des initiatives de solidarité à l'égard des personnes déplacées.
Plus d'infos dans la rubrique Ukraine sur le Portail de l'action sociale.
Le SPW Intérieur et Action sociale et l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) travaillent ensemble à la cocréation d'un mécanisme de coordination qui permettra de mieux outiller la Région wallonne face à la crise ukrainienne et dans la perspective de futures crises migratoires. Cette collaboration s'inscrit dans le cadre du projet "BE with U" qui a pour objectif d'optimiser la coordination entre les acteurs de l'accueil et de l'intégration aux niveaux régional et local.
Formation et emploi
Concernant l'emploi en Région wallonne, le Forem enregistrait 2220 demandeurs d'emploi (DE) de mars 2022 à fin janvier 2023. C'est en mai 2022 que le nombre de DE a été le plus important (388 sur l'ensemble de la Wallonie). Depuis juin, le nombre décroit et en janvier 2023, on enregistrait 155 DE. Au niveau de la répartition territoriale, c'est sur le territoire Brabant wallon et Namur que le nombre de DE est le plus élevé, suivi par le territoire du Hainaut, par Liège et enfin le Luxembourg. Sur les 2.220 DE, 1.654 sont des femmes. Enfin, le nombre de DE ayant eu au moins 1 jour de travail salarié est de 372 pour l'ensemble de la Wallonie.
Concernant la formation, l'IFAPME a enregistré en 2022, 11 inscrits en formation dans leur réseau (une personne en apprentissage et 10 en formation chef d'entreprise).
Mi-mars 2022, la cellule de coordination de l'accueil des réfugiés ukrainiens se mettait en place. Christine Ramelot pilote cette cellule. Elle fait le point sur une année à gérer les multiples défis et principalement ceux qui concernent l'hébergement des réfugiés.