
C'est ce mercredi 24 mai que la 2e phase de la première campagne de biosurveillance en Wallonie (biomonitoring) a été présentée par l’Institut Scientifique de Service public (Issep). Elle s'est concentrée sur les enfants âgés de 3 à 11 ans et sur de nouvelles substances recherchées dans les urines/prélèvements de la phase 1. Ses premières conclusions montrent que les enfants sont encore trop exposés aux substances chimiques, même si les niveaux d’exposition aux polluants analysés sont similaires à ceux observés dans d’autres pays européens.
Pour rappel, l'ISSEP avait effectué un premier biomonitoring en 2021 pour analyser la présence de polluants et substances chimiques dans le corps de 828 Wallon.ne.s (nouveaux nés, adolescents et jeunes adultes).
Résultats probants de l'étude de 2022
En 2022, les niveaux d'imprégnation à une cinquantaine de substances chimiques comme les métaux lourds, les pesticides et les bisphénols ont été mesurés chez 602 enfants entre 3 et 11 ans. Cette analyse a été menée par un consortium scientifique composé de l'ISSEP, du CHU Liège, de l'UCLouvain, des cliniques universitaires Saint-Luc et de Sciensano.
Parmi les résultats probants, on constate par exemple que 99% des urines des enfants montrent des traces d'au moins un insecticide, les concentrations étant d'ailleurs plus élevées chez les enfants que chez les adolescents ou les adultes. Les PFAS sont également présents dans la très grande majorité des échantillons : sur les 7 PFAS analysés, cinq ont été quantifiés dans presque tous les échantillons de sang des adolescents et des adultes.
Comparaison européenne
A l'issue de cette nouvelle étude, des valeurs de référence d'exposition ont pu être déterminées pour 33 substances, dont on retrouve des traces significatives, pour être comparées à celles d'autres pays.
On constate ainsi que les niveaux d'exposition retrouvés en Wallonie sont du même ordre que ceux retrouvés dans d'autres pays européens. Le seul dépassement de la valeur de risque pour la santé est constaté pour le cadmium (présent dans la fumée de cigarette, mais aussi dans certains produits alimentaires) chez 0,5% des enfants.
Par ailleurs, les concentrations en bisphénol A dans la population d'enfants sont environ trois fois moins élevées que les concentrations mesurées dans l'urine d'enfants belges recrutés en 2011-2012. Cette diminution est le reflet de la baisse des niveaux d'exposition de la population suite aux restrictions et interdictions de l'utilisation du bisphénol A au sein de l'Union Européenne depuis 2006. Cette diminution dans le temps de l'exposition est aussi perceptible pour certains pesticides désormais interdits en Europe ou pour l'exposition aux PFAS.
Un outil pour surveiller l'exposition de la population aux substances chimiques
En identifiant les individus les plus exposés, et les substances problématiques, il est possible de mettre en évidence des conseils pour réduire l'exposition individuelle et de soutenir le développement de politiques qui réduisent l'exposition aux polluants et à des produits chimiques ayant un impact sur la santé.
La Wallonie dispose donc maintenant de nouvelles valeurs de référence pour surveiller l'exposition des Wallon.ne.s aux substances chimiques présentes dans l'environnement.
D'autres analyses se poursuivront pour affiner les origines de cette présence de polluants. Une phase 3, concernant les 40 à 59 ans est d'ores et déjà en cours, de même qu'un biomonitoring spécifique concernant les riverain.e.s des broyeurs à métaux.